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Au Vent de la piroguière, Tifaifai, Flora a URIMA DEVATINE, éditions Bruno DOUCEY
Extraits
C'est juste pour goûter! Découvrir cette langue, cette voix qui a comme la saveur de chez nous. Le goût de quelque chose que l'on re-connaît parce qu'on le connaissait sans le savoir.
"Humeurs" , premier recueil publié sous le pseudonyme Vaitiare, à Tahiti, en 1980.
A quoi me servit de tant voir et apprendre? page 15
J'ai voulu voir et tout connaître,
Alors je me suis lancée sereine
Sur le chemin vaniteux
De la Connaissance.
J'ai appris et tout bu sans discernement,
Après l'ivresse ne m'est restée
Que l'angoisse minant mon âme
Sur le chemin périlleux
De la Connaissance.
J'ai cru connaître et tout comprendre,
Mais je ne me suis qu'égarée
Sur le chemin douloureux
De la Connaissance.
Pour supporter ma peine,
J'ai attendu "Mon Petit Bonheur",
N'est venu que l'égoïsme
Sur le chemin solitaire de l'amour.
...
Je ne veux pas Page 20
Je ne veux pas partir
Je ne veux plus partir
Je veux vivre
Sans avenir
Dans mon île.
Trop petite
Tout le monde
N'y a pas sa place
Au soleil.
J'y suis.
Qu'irai-je faire au loin,
En un ailleurs
Qui ne m'est rien?
Laisse-moi me lever
Au milieu de la foule,
Avec les pieds sur terre
Et les yeux sur le mer,
Pour attester que je suis.
Ici,
Tout me retient;
Là-bas,
Au bord du vertige,
Je ne serai plus rien.
...
L'enfant et sa pirogue Page 28
Seul
Dans sa pirogue:
Le bonheur de l'enfant
Epris de liberté.
Seul
Dans sa pirogue,
Avec le ciel tout en haut,
Et la mer, la mer, tout autour:
Le vertige de l'enfant
Ivre de liberté.
Où est-il le chemin? Page 31
Où est-il le chemin
Que chacun de nous suit?
Il me faut y passer
Y pousser ma pirogue.
D'autres avant toi
En effet sont passés
Mais la mer
Derrière eux
A effacé leurs traces.
Je n'ai plus de repères
Je n'ai plus les Anciens
Pour me guider en mer.
Je n'ai plus qu'à passer
Qu'à pousser ma pirogue
En faisant mon chemin.
"Poèmes en archipels", La plupart des poèmes que rassemble cette section ont été publiés en revue ou dans des anthologies.
Adresse, Page 84
En deça et au-delà
De nos identités originales
De nos appartenances communautaires,
En deça et au-delà
De nos langues détournées, transgressées,
De nos noms reconnus, ressourcés,
Des terres de nos îles morcelées, archipélagées, dispersées
En deça et au-delà
De nos ruptures, brisures, cassures,
Des clans guerriers, clans paroles, clans écritures,
Clans mémoire, clans histoire,
...